[Anime] Bilan – Zankyou no Terror : Tokyô sous l’emprise des terroristes

Quelle affiche promotionnelle apocalyptique,  Zankyou no Terror. As-tu tenu tes promesses ? Sans spoilers.

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Titre : 残響のテロル / Zankyou no Terror / Terror in Resonance
Diffusion : du 11/07/2014 au 26/09/2014
Année de production : 2014
Studio : MAPPA
Genre : seinen, policier, psychologique, thriller
Nombre d’épisodes : 11 (25 min)
Licencié par Wakanim

Petit résumé :

Un jour d’été, un attentat terroriste frappa brusquement Tokyo. Les coupables de cet incident ? Deux jeunes adolescents qui se font appeler « Sphinx ». Un jeu orchestré par ce groupe de criminels va débuter, entraînant ainsi tout le pays.

[Source : Wakanim]

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A force de nager dans la sphère de l’animation, on réussit par repérer au bout de quelques années les  noms qui sont des gages de qualité pour un anime à venir. Ce n’est pas une garantie à 100 %, mais vous finissez quand même par faire comme les autres : attendre au détour ce qu’on présume être l’anime de l’été (peut-être de l’année, mais ça aussi, ce n’est pas sûr).

Il ne reste que, personnellement, j’ai toujours pensé qu’un anime sur lequel la compositrice Kanno Yoko (Escaflowne, Macross Frontier, Sakamichi no Apollon…) bossait valait le coup d’être vu. C’est bête à dire, et certains ne seront sûrement pas d’accord (d’ailleurs, je n’aime pas tous les animes sur lesquels elle a travaillé), mais je trouve que Yoko Kanno sait toujours faire de bons choix.
En 2012, elle s’est ainsi associée avec le très jeune et prometteur studio MAPPA, qui s’est fait connaître avec la très bonne adaptation anime du très bon Sakamichi no Apollon. Et pour le coup, c’était une belle démonstration de leur talent. :) Sans surprise, on retrouve donc à la réalisation WATANABE Shinichirō (Cowboy Bebop, Sakamichi no Apollon, Space☆Dandy…) et au character-design, NAKAZAWA Kazuto (EL-HAZARD, Ashita no Nadja…) avec qui il avait déjà travaillé sur Samurai Champloo. Quant au scénario, on retrouve successivement YANO Shōten (ep 1-3), SEKO Hiroshi (ep 4, 6, 9, 11), KUMAGAI Jun (ep 5, 7) et IHARA Kenta (ep 8, 10).
En somme, Zankyou no Terror était dans la même situation qu’Aldnoah.Zero : il avait tout pour réussir, mais le ferait-il vraiment ?

On ne se le cachera pas : le début de Zankyou no Terror est excellent, et d’ailleurs, c’était sûrement un des meilleurs de la saison. En effet, il inscrit directement l’anime dans la lignée des thrillers, intriguant et sombre, avec un rythme bien construit et des sujets à la fois sensibles et passionnants. Un de ces sujets étant sûrement la relation entre le Japon et le nucléaire…

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Après un mystérieux vol de plutonium dans une centrale nucléaire, un attentat secoue alors Tokyo lorsqu’une bombe éclate. Deux terroristes qui se font appeler Sphinx 1 et Sphinx 2 revendiquent l’incident dans une vidéo postée sur Internet, et engagent un duel intense avec la police en leur laissant des énigmes à résoudre pour éviter d’autres attentats. Lisa, une lycéenne brimée par ses camarades, se retrouve alors complice de ces terroristes malgré elle…

On se retrouve ainsi rapidement pris dans les mystérieux projets de Nine et Twelve, les deux garçons qui se cachent sous les masques de Sphinx 1 et 2. Mais ce qui est intéressant, c’est que l’anime alterne les points de vue, s’attardant également sur l’enquête des policiers, qui doivent résoudre les énigmes qui leur sont lancées. Parmi eux se trouve notamment l’inspecteur Shibazaki, qui comprend rapidement que derrière les messages énigmatiques tournant autour du mythe d’Oedipe se cache une sombre histoire…

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Je vous parlais en effet du rapport complexe qu’entretient le Japon avec le nucléaire. Je ne vous ferai pas un cours sur la Seconde Guerre mondiale, vous savez donc tous pourquoi. Et vous le savez peut-être également avec l’incident à Fukushima, mais le nucléaire est un sujet devenu encore plus sensible. La façon dont Zankyou no Terror décide d’aborder ce sujet est intelligente, réaliste et intéressante. On peut aussi dire que c’est assez osé, même…
Ce thème se retrouve également étroitement lié à celui de la science, et plus : la politique. Autant vous dire que les hommes de pouvoir ne sont pas montrés sous un angle éblouissant…
La question du progrès se pose donc ainsi : que peut-on faire pour le bien d’un pays ? Qu’est-ce cela veut même dire ? Jusqu’où est-on prêt à aller, et jusqu’où peut-on aller ?
Zankyou no Terror traite donc de thèmes durs et importants, et délivre des messages et des pistes de réflexion intéressantes.

Mais la grosse faiblesse de cet anime qui se présente rapidement, et ce qui fait que Zankyou no Terror n’est pas « excellent », ce sont ses personnages, seulement effleurés.

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Le premier, Nine, se présente ainsi comme le ténébreux aux lunettes et la tête pensante du duo. Le second, Twelve, est au premier abord plus souriant et malicieux… mais son sourire peut également être glacial. On apprendra au fil des épisodes que chacun cache un caractère plus complexe et plus fragile, mais il reste dommage que ces personnages n’aient pas été plus dévoilés en détail.

Celle qui détient la palme du personnage inutile est Lisa. Comme je le pressentais dès le premier épisode, et pourtant, j’ai croisé les doigts pour qu’elle soit autre chose qu’un poids mort. Je pourrais vous faire tout un pavé pour vous dire à quel point elle m’a exaspérée. Je sais que si je me donne la peine de creuser, elle a de l’utilité : c’est la touche d’humanité qui pouvait faire basculer Nine et Twelve, et l’élément qui pouvait changer toute la donne. J’avais beaucoup d’espoir en ce qui concernait son fort désir de vie, de mort et de destruction. Mais franchement, je ne suis vraiment pas parvenue à m’intéresser à elle. C’était une vraie source de frustration qui a failli m’arrêter dans mon visionnage à chacune de ses apparitions, et personnellement, si on l’avait enlevée de l’anime en cours de route, j’aurais envoyé un bouquet de fleurs aux scénaristes. XD La fin la sauve de peu. Très peu.
Même Five, l’antagoniste qui va intervenir, était plus intéressante…

Malgré son manque évident de développement des personnages, qui était peut-être compliqué en 11 épisodes seulement (mais possible, certains le font très bien), l’anime avait pourtant de quoi faire. Nine, Twelve et Five sont ainsi les symboles de ces enfants sacrifiés sur l’autel des ambitions des adultes, et Lisa représentait cette partie de la jeunesse japonaise qui se tient sur un fil, brimée et étouffée par une mère surprotectrice. Seul l’inspecteur Shibazaki tire véritablement son épingle du jeu, pour ses convictions, son passé et ses répliques. :)

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Heureusement, le studio MAPPA démontre encore une fois que leur travail technique est excellent. Je dirais même : IMPECCABLE. La réalisation est bonne et fluide, et franchement, la scène du cauchemar-souvenir de Nine au début est nerveuse à souhait, par exemple. On sent aussi que le studio s’est fait plaisir avec les scènes de moto de Twelve, très réussies. ^^ La tension est toujours là, et renoncer à mi-parcours vous sera difficile.
Le travail sur l’ambiance est magnifique également, qu’elle soit sombre ou triste, et personnellement, la fin m’a laissée avec des frissons…

Pour finir, impossible de ne pas faire une mention spéciale aux génériques, l’ending « Dare ka, Umi wo. » par Aimer étant étouffant à souhait, et l’opening « Trigger » par OZAKI Yūki (de Galileo Galilei), excellent. C’était un des meilleurs openings de l’été 2014, d’ailleurs.
Et c’est avec une totale subjectivité que j’ai aussi apprécié l’OST composé par Kanno Yoko. ^^

Bilan : Zankyou no Terror ne souffre pas du syndrome Guilty Crown (trop d’ambition tue l’ambition), mais presque : sa réalisation est impeccable, mais ses ambitions se heurtent à un manque affreux de développement des personnages.
Heureusement, malgré quelques limites, son histoire et son rythme réussissent à nous tenir en haleine jusqu’à la fin. Zankyou no Terror n’est donc pas l’explosion tant souhaitée (sans mauvais jeu de mots ^^), mais il demeure un anime d’excellente facture.
Bien rythmé, nerveux et intéressant, si vous voulez regarder un anime de qualité, n’allez pas chercher plus loin.

14,5

 

2 comments

  1. Zara says:

    Bonjour !
    Je voudrais bien me permettre d’éclairer un peu ta lanterne au sujet de Lisa. Honnêtement, elle a provoqué pour moi aussi de nombreux facepalm lors du visionnage. Et je ne m’y suis pas attaché. Mais j’ai changé d’opinion à son sujet après avoir vu la toute fin.
    C’est à dire, Lisa c’est toi. C’est moi, c’est la personne qui regarde. Qui suit vaguement les persos principaux mais qui ne rentre jamais réellement totalement dans leur monde, et qui ne peut rien faire.
    Et je pense qu’on ne peut pas lui reprocher totalement, ni sa maladresse, ni son inutilité, ni même son manque de profondeur si on l’interprète de cette façon.

    Je n’étais pas partie pour penser les choses de cette façon jusqu’à la toute fin, où arrive les hélico américain et arrive ce qu’il devait arriver. Nous sommes alors encore Lisa. Puis l’ellipse temporelle nous projette violemment hors de Lisa, que l’on est pendant tout l’anime; démuni, impuissant, choqué.
    Brusquement Lisa n’as plus du tout le même rôle et la cassure que l’on ressent ne fait qu’amplifier la puissance du propos final. ça m’as extrêmement choquée que Lisa ne suive pas comme d’habitude. C’est une idée de génie pour l’anime de faire ça, qui plus est à la fin, ce qui fait que t’es pas près d’oublier leur chef-d’oeuvre, parce que tu te souviens de la frustration de ne voir aucun personnage ressentir ce que tu as ressentis. ça choque, ça révolte, c’est beau.

    • Gekkou says:

      Merci beaucoup pour ton commentaire. :)
      Oui, bien sûr, Lisa n’est pas un personnage fondamentalement inutile, et je comprends pourquoi les scénaristes l’ont créée et utilisée.
      Par contre, ce n’est pas parce que Lisa est censée être le spectateur, ou une manière pour lui d’entrer dans l’histoire sans pouvoir y entrer réellement, que cela « excuse » forcément son manque total de développement et d’implication réelle dans l’histoire. Par exemple, dans le manga « Cesare » de Fuyumi Soryo, Angelo est l’exemple typique de ce genre de personnage, mais cela fonctionne parfaitement, tout simplement parce qu’il est développé ! Passe encore le fait que Lisa ne puisse pas devenir vraiment l’une des leurs, une autre Sphinx, mais cela ne justifie pas son manque total de développement.
      Et je tiens à dire que si la fin est terriblement belle, en ce qui me concerne, cela ne tient pas du tout à Lisa. ^^ Pour moi, c’est tout simplement parce que même si on se doutait de l’issue de cette aventure, le choc se fait malgré tout car jusqu’à la fin, on ne pouvait s’empêcher d’en espérer une autre.
      Je ne me suis pas du tout identifiée à Lisa, mais je te tire mon chapeau pour avoir réussi à le faire. XD

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