Amatrice de romans / séries / films policiers, je me suis lancée dans l’adaptation cinématographique du roman Yogisha X no Kenshin de Higashino Keigo, soit Le Dévouement du suspect X en français. Et les connaisseurs auront rapidement remarqué que nous pouvons y retrouver le professeur de physique Yukawa Manabu, dit « Galileo »… Sans spoilers.
Titre : Yogisha X no Kenshin / Yougisha X no Kenshin / The Devotion of Suspect X / 容疑者Ｘの献身
Date de sortie : 2008
Réalisateur : Hiroshi Nishitani
Scénariste : Fukuda Yasushi
Auteur original : Higashino Keigo
Genre : policier, mystère
Durée : 2 h08
Casting :
Fukuyama Masaharu : Manabu Yakawa
Shibasaki Kou : Kaoru Utsumi
Tsutsumi Shinichi : Tetsuya Ishigami
Kazuki Kitamura : Shunpei Kusanagi
Matsuyuki Yasuko : Yasuko Hanaoka
Petit résumé :
Lorsque le corps d’un homme est retrouvé nu, étranglé, défiguré et les doigts calcinés, Utsumi Kaoru et son collègue Kusanagi Shunpei sont chargés de l’affaire. N’avançant pas beaucoup dans l’enquête, ils vont demander l’aide au « Tantei Galileo » (le « Détective Galileo »), Yakawa Manabu, brillant physicien les ayant déjà aidé de nombreuses fois. Mais ce dernier ne se montre pas intéressé.
Il s’avère alors que le voisin de la personne que la police suspecte est Ishigami Tetsuya, un mathématicien de génie devenu professeur de mathématiques au lycée mais surtout un ancien camarade du brillant physicien.
Ce dernier va alors s’intéresser à l’affaire…[ Résumé par Nautiljon ]
Ce film date déjà de quelques années, mais je ne l’ai regardé que récemment. Pourtant, je me souviens avoir bien apprécié la série de 2007, qui compte 10 épisodes. Mais sans plus, ce qui explique sans doute pourquoi je ne me suis pas jetée sur l’épisode spécial nommé Galileo : Épisode Zero, Yogisha X no Kenshin ou encore la saison 2 qui s’est terminée au mois de juin.
Pour dire un mot rapide dessus, il faut savoir que l’épisode spécial est sorti en même temps que l’adaptation de Yogisha X no Kenshin. L’épisode spécial raconte une enquête qui s’est déroulée trois ans avant que Manabu Yakawa ne rencontre Kaoru Utsumi. C’est aussi l’occasion de montrer comment Kusanagi s’est lié d’amitié avec Manabu Yakawa. J’ai donc commencé avec l’épisode spécial, et j’ai bien fait, puisqu’à la fin de l’épisode spécial, nous assistons également à l’introduction de Tetsuya Ishigami, le mathématicien qui sera au cœur de Yogisha X no Kenshin. De plus, l’histoire est bien moins passionnante que celle de Yogisha X no Kenshin. Je ferai peut-être une fiche dessus, si j’en ai l’occasion.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Galileo, voilà comment suivre la série :
- Galileo (Fuji TV / 2007) : la série par laquelle commencer
- Galileo : Episode Zero (Fuji TV / 2008) : l’épisode se passant avant la série, qui introduit Ishigami
- Suspect X | Yogisha X no Kenshin (2008) : le film se déroule après la première saison
- Galileo 2 (Fuji TV / 2013) : la saison 2
- Midsummer Formula | Manatsu no Houteishiki (2013) : le film sorti au cinéma cet été, que je n’ai pas encore visionné, et qui suit la saison 2
Yogisha X no Kenshin est donc l’adaptation du roman de Higashino Keigo, qui a gagné de nombreux prix. Je n’ai pas lu la version papier, donc je ne sais pas encore à quel point l’adaptation est fidèle ou non. Je peux quand même dire que globalement, j’ai beaucoup apprécié ce film. ^-^
Comme l’épisode spécial nous l’avait montré à la fin, Yakawa Manabu et Ishigami Tetsuya se sont connus à l’université. Ce sont tous les deux des génies, mais dans deux disciplines différentes : le premier, dans la physique, et le second, dans les mathématiques. Chacun a pris une route différente : Yakawa Manabu est devenu un professeur de physique aux recherches reconnues, tandis qu’Ishigami Tetsuya enseigne les mathématiques dans un lycée où ses élèves ne l’écoutent guère.
La seule couleur dans son quotidien gris et terne, que nous démontre très bien l’introduction de la vie du personnage se baladant dans la ville, c’est sa voisine Yasuko Hanaoka. Cette dernière est une femme divorcée qui élève seule sa fille. Elle tient un magasin qui vend des bentôs, et Ishigami en est un client régulier. Il semble donc très amoureux de cette femme.
Mais lorsque l’ex-mari de Yasuko Hanaoka revient la poursuivre pour lui extorquer de l’argent, Hanaoka et sa fille sont forcées de le tuer pour se protéger…
Dès le début, nous savons donc qui a tué qui. Mais ce n’est pas là le plus intéressant. En effet, Ishigami est capable et coupable de son dévouement envers sa voisine. Ayant compris qu’elle a tué son ex-mari, il décide de l’aider à couvrir ses traces et à monter un alibi de toutes pièces. Il commet ainsi l’irréparable pour elle…
C’est donc la joute qui s’engage entre Yakawa Manabu et Ishigami Tetsuya qui est passionnante. Ce sont deux esprits brillants, qui suivent une logique imparable, à la fois semblable mais très différente. Chacun d’eux éprouve beaucoup de respect à l’égard de l’autre. Et chacun sait que l’autre sait. Des mathématiques ou la physique, qui gagnera donc ? Est-il plus facile de poser un problème que de le résoudre ? Et enfin… Vaut-il mieux résoudre ce problème ou le laisser tel quel ?
Au premier abord, Yogisha X no Kenshin possède ainsi l’intrigue la plus claire et transparente qu’il soit. On devine plus ou moins comment les évènements se sont déroulés, tandis que la police piétine sans pouvoir prouver quoi que ce soit. Les indices sont très bien semés le long du film, de sorte que nous pouvons comprendre comment Ishigami a « calculé » l’alibi d’Hanaoka. Honnêtement, ce n’est donc pas le côté policier « classique » qui m’a intéressée. Comme Yakawa Manabu, je pensais avoir tout compris. Mais en vérité, les choses sont plus complexes qu’il ne le paraît, surtout en ce qui concerne le mobile d’Ishigami…
Le talent de l’auteur, et du film, est d’avoir distillé tout au long de l’enquête une ambiance étouffante et sombre qui trouvera son apogée dans la fin du film, dramatique et bouleversante. Honnêtement, j’ai même pleuré face à la prestation de l’acteur d’Ishigami. Le personnage est profond, et très émouvant. La fin le révèle dans tous ses aspects, et nous comprenons malgré nous comment il a pu en venir à ces extrémités.
Ce qui est évidemment dommage, c’est que le spectateur sait que Yakawa Manabu, lui, ne comprendra jamais vraiment les motivations d’Ishigami. Le physicien en a d’ailleurs lui-même conscience.
Enfin, un petit mot sur la réalisation et la performance des acteurs. Comme le format est celui d’un film et non pas celui d’un épisode d’une série, le récit perd un peu de son dynamisme habituel. Il prend un rythme plus contemplatif, prenant le temps d’installer cette ambiance qui nous entraîne lentement dans le duel qui oppose Ishigami à Yakawa, et surtout, dans l’âme du premier. Ceux qui ne sont pas habitués au rythme des films japonais, à mille lieux des blockbusters américains, pourraient donc trouver le temps bien long. Je pense plutôt que le film aurait gagné à être plus court. ^^’ Mais on peut dire que ça en valait la peine. :)
Pour terminer, les acteurs de Yakawa et Ishigami sont clairement ceux qui dominent le film : l’un par son charisme habituel, et l’autre par la personnalité dépressive de son personnage. Mais pour le dire encore une fois, Tsutsumi Shinichi m’a réellement épatée à la fin du film. Je regrette de ne pas l’avoir vu dans un meilleur rôle auparavant. Dès lors, les couleurs ternes, froides et sombres du film ne font que parfaitement amener la conclusion du film…
Bilan: je suis sortie de ce film très agréablement surprise, alors que je n’en attendais pas grand chose après une première saison passable et un épisode spécial très moyen. Il est encore dommage que Kaoru Utsumi ne serve pas à grand chose, d’ailleurs. Sans être méchante, je ne sais pas pourquoi Shibasaki Kou est sur l’affiche… Même si l’auteur se refuse peut-être à une romance, il aurait été intéressant de mieux exploiter le personnage. Ou l’enlever. :)
Mais bon, le plus important reste le duel entre Yakawa Manabu et Ishigami Tetsuya. Ce dernier est un des personnages que je trouve le plus intéressant, et je dois avouer que la fin laisse une drôle de boule dans la gorge… C’était très fort.
Le début de la saison 2 de Galileo ne m’enthousiasme pas beaucoup pour l’instant, mais finalement, je visionnerai peut-être Manatsu no Houteishiki (Midsummer Formula)…
