[Salon] Livre Paris 2017 (samedi 25 mars) : nouveau nom, nouveau salon ?

Le renouveau ou pas ?

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L’année dernière, j’avais boycotté le Salon du Livre de Paris, trouvant leur politique absolument contre-culturelle, que ce soit au niveau des prix, la polémique concernant les livres avec lesquels on n’était pas censé pouvoir rentrer (je dis « censé », parce que les gens ont réussi à passer apparemment, et tant mieux), et j’en passe. Cette année, les organisateurs avaient fait quelques efforts pour rectifier le tir, et puis, j’avais vraiment très envie de rencontrer certains auteurs et de revoir des gens qui y seraient. :) Mais y a-t-il vraiment eu du changement ?
Clairement, j’ai passé un excellent moment dans l’ensemble, mais cela tient quand même plus aux auteurs invités en eux-mêmes. Je tiens quand même à souligner ce qui pourrait être amélioré ou pas. ^^

Tout d’abord, et en allant droit au but : le prix.
Alors, je tiens à dire que je puisse comprendre que des organisateurs d’un festival puissent avoir besoin de rentabiliser leurs dépenses en faisant payer une entrée. Mais il faut que cela reste abordable et que cela corresponde à une de leurs missions que je considère primordiale : permettre l’accès à la culture pour tous ! À mon époque, l’entrée pour les étudiants était gratuite. Maintenant, elle est payante ! Et quand on voit les tarifs suivants…

Entrée Tarif semaine (Valable vendredi 24 ou lundi 27 mars) : 10€

Entrée Tarif réduit (Valable pour une journée, en semaine ou le weekend) : 7€

Entrée Tarif weekend (Valable samedi 25 ou dimanche 26 mars) : 12€

Pass Grand Lecteur (Accès illimité 4 jours) : 39€

Je pense que tout étudiant peut déjà calculer qu’un jour du salon, c’est déjà plusieurs paquets de pâtes, voire un livre de poche et que s’il faut payer le Pass Grand Lecteur, on passe carrément au prix d’un beau livre. XD Certes, l’entrée était gratuite pour les moins de 18 ans, et j’ai même envie de dire : encore heureux ! XD Sérieusement, c’est exorbitant, et on se demande vraiment si les organisateurs ont besoin à ce point d’argent, alors que le prix des stands éditeurs est déjà faramineux (vous n’avez pas envie de savoir ce que coûte ne serait-ce que 9m² pour un stand, je vous promets), et que le salon est beaucoup soutenu par des subventions. Sans parler du fait qu’évidemment, tout le monde n’habite pas à Paris, et que cela peut être coûteux de venir et dormir juste pour le salon. Habitant cette année sur Paris, et ayant eu mon badge pro, je faisais partie des « privilégiés ». Mais c’est justement en professionnelle du livre et avant tout en tant que lectrice que je me pose beaucoup de questions. On est censé ouvrir le livre au plus de monde possible, et je ne suis pas sûre que cela ait été réussi…
Une des questions qu’on peut donc se poser, c’est quelle différence y a-t-il entre une grande librairie et un salon du livre ? Parce que clairement, on n’arrive pas vraiment à se détacher de l’impression qu’on paie pour rentrer dans une librairie géante. Et sachant qu’en général, un lecteur possède déjà le livre de l’auteur qu’il vient voir, c’est un peu dur à avaler. XD

Mais voyons un peu quand même comment le salon se déroule vraiment !

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~ Samedi 25 mars :

J’arrive pour 11h au Parc des expositions de la Porte de Versailles où se déroule Livre Paris, la nouvelle appellation du Salon du Livre de Paris (ce que j’ai trouvé bien trouvé ^^). Mais pour la petite anecdote, je me trompe d’entrée… et je me retrouve à côté, vers l’entrée de Paris Manga, qui se déroulait exactement au même moment ! Je m’en rends compte en voyant évidemment le nombre de cosplays, et fais demi-tour. XD
Je retrouve donc la bonne entrée de Livre Paris, rentre assez rapidement avec mon badge pro, et attrape la panoplie du visiteur : plan, brochures du programme et des dédicaces. D’ailleurs, petit aparté à ce sujet : le site du salon est toujours un enfer pour s’organiser ! XD Les programmations des scènes sont faciles à trouver, mais question dédicaces, mieux vaut consulter les réseaux sociaux ou les sites des éditeurs, c’est bien plus simple et clair.

En tout cas, cette année, j’avais décidé de donner une priorité aux conférences et à la découverte de nouvelles maisons d’édition, aux dépends des dédicaces. Malheureusement, Livre Paris est beaucoup moins propice à la discussion que des petits salons ou des rencontres en librairie. Hormis donc des auteurs étrangers que je ne rencontrerai sans doute qu’une seule fois dans ma vie, je me suis dit que je reverrai les autres facilement plus tard. ^-^

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J’ai donc le temps de faire un rapide tour avant de filer à la Scène littéraire, pour assister à « La surprise de François Busnel« , journaliste et animateur de La Grande Librairie sur France 5 !
L’événement se révèle être le lancement de la revue Amerika créée par François Busnel, et qui comme son nom l’indique, se penchera sur l’Amérique, et plus particulièrement, sur l’Amérique dirigée par Trump. Elle durera exactement quatre ans, comme le mandat de Trump, et il y aura un numéro par trimestre pour un total de 16 numéros. Ce qui est particulièrement original, c’est que nous aborderons cette Amérique du point de vue d’écrivains et / ou de journalistes qui y résident ou qui se rendus là-bas, de Toni Morrison à Alain Mabanckou, ou de Julien Bisson (LIRE) à Augustin Trapenard (Le Grand Journal). Elle laisse donc une plus belle part à la littérature. :) La revue coûte dix-neuf euros, ce qui est plutôt raisonnable pour une revue de bonne qualité en tant qu’objet, et qui, qualitativement, est très intéressante. En plus, l’achat sur le stand de France Télévisions vous permettait de repartir avec un tote-bag Amerika, ainsi que deux badges ! ^^
La conférence se déroulait donc en présence de François Busnel, ainsi qu’en compagnie de Louise Erdrich, Douglas Kennedy, Philipp Meyer, Eric Fottorino, Francis Geffard (libraire, créateur des collections « Terre indienne » et « Terres d’Amérique » chez Albin Michel, ainsi que du festival America) et Julien Bisson (LIRE). On passera le fait que le diapo annonçait Alain Mabanckou et Augustin Trapenard. XD Elle a notamment permis de revenir sur l’opinion des auteurs présents sur l’élection de Trump. Pas seulement pour dénoncer sa politique, mais aussi pour tenter de comprendre ses rouages et ce qu’on pouvait faire pour la suite, et notamment la place des écrivains dans ce cadre. C’était très intéressant et savoureux, portée par des écrivains en toute somme, on peut le dire, très engagés. Louise Erdrich a été particulièrement brillante et enthousiasmante. Une dédicace sur le stand de France Télévisions suivait immédiatement. ^^

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Je mange ensuite mon sandwich en marchant dans les allées, et je suis contente que mon expérience (ou plutôt, une leçon apprise d’une erreur précédente XD) m’ait poussé à le faire moi-même avant, parce que bien évidemment, à l’intérieur-même du salon, vous aviez le choix entre les prix exorbitants des sandwichs de la boulangerie Paul (prise d’assaut, j’ai même cru que c’était une file de dédicace au début XD), et quelques autres points nourriture peu enthousiasmants (et pas donnés à mon avis). Sinon, les visiteurs pouvaient bien évidemment sortir pour s’acheter à manger, et profiter un peu du soleil. Il y avait également une aire de pique-nique, mais que je n’ai pas testée. ^^

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Et puis je file à la dédicace de Marie Rutkoski, l’auteure de The Curse publiée aux éditions Lumen ! :D Ils avaient dressé un joli stand que j’ai oublié de prendre en photo aux couleurs de la série pour elle, et l’auteure elle-même était magnifique. ^^ Il y avait déjà un peu de monde pour elle, mais ce n’était pas insurmontable non plus contrairement à ce que je pensais. Par contre, je voyais le stand PKJ situé juste à côté… et la file d’attente pour Rainbow Rowell était monstrueuse. XD Même en sachant qu’elle dédicaçait jusqu’à 18h, dans ma tête, je décide immédiatement de venir dimanche plutôt. XD En tout cas, la dédicace avec Marie Rutkoski s’est déroulée à merveille (très bonne organisation de Lumen, d’ailleurs), l’auteure était très gentille et souriante, et le roman est magnifique avec ses dorures ainsi que son touché velours. :D Pour ne rien gâcher (et c’est le plus important), le roman est très bon, avec une excellente deuxième partie notamment ! Et puis, c’était aussi l’occasion de voir qu’en fait, beaucoup de lectrices avaient la version originale du livre. **applaudit**

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Après, j’ai juste le temps de filer à la conférence « Imagine : Les jeunes adultes prennent le pouvoir« , avec Victor Dixen (Phobos, dans la Collection R), Stéphane Michaka (Cité 19 chez PKJ) et Marie-Lorna Vaconsin (Le Projet Starpoint – La fille aux cheveux rouges, chez La Belle Colère). Ayant adoré Phobos, j’étais évidemment très contente d’entendre à nouveau Victor Dixen, qui est passionnant. Ce qui était intéressant, c’est que la conférence débutait avec une présentation du roman de chaque auteur, faite par des jeunes membres du Labo des histoires. Ce n’était pas un exercice facile, surtout quand on est devant un public aussi nombreux. Mais j’ai trouvé que le petit jeune qui présentait Cité 19 s’est débrouillé à merveille par exemple, et il m’a donné très envie de lire ce roman (qui me faisait déjà de l’œil) !
Cette conférence fut donc l’occasion de revenir notamment sur la notion de « jeune adulte« . Il fut notamment demandé aux auteurs s’ils écrivaient leurs romans dans l’optique de toucher cette catégorie de lecteurs. Et pas vraiment, puisque ce qui les intéressent avant tout, ce sont toutes les possibilités que leur offrent leur narrateur, en général un personnage ayant le même âge que leur public. Les problématiques de l’adolescence notamment, sont des ressorts intéressants à la narration, avec tous les thèmes qui s’en approchent : l’amour, l’amitié… Autant de sujets qui les touchent, et qui nous touchent aussi bien évidemment. Il y a aussi eu une très belle part donnée à l’imaginaire, qui donnait des étoiles aux yeux. ^^

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Suit ensuite une autre conférence intitulée « Étoiles Polars« , avec Philip Kerr et Victor del Arbol. Je n’allais surtout pas la manquer, étant donné que Toutes les vagues de l’océan de Victor del Arbol est un des meilleurs romans que j’ai pu lire dans ma vie. C’était en somme une conférence assez classique qui revenait sur l’œuvre des deux écrivains, et qui tentait de croiser les différents thèmes de leurs romans. Le point le plus intéressant était quand même la réflexion des deux auteurs autour de la question du bien et (surtout) du mal, au centre-même de leur œuvre. Les deux auteurs étaient absolument passionnants, et les lecteurs recherchant des polars complexes et nuancés devraient absolument se pencher sur leur œuvre respective. ;) Pour la petite anecdote, Victor del Arbol parlait tellement mieux français que son interprète se dépatouillant avec l’espagnol, qu’il n’a plus eu besoin de ce dernier à un moment donné ! XD

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Enfin, je n’ai pas quitté la scène littéraire, ayant eu très envie d’assister à la conférence autour de l’adaptation au cinéma du roman D’après une histoire vraie, écrit par Delphine de Vigan. Outre le succès du roman en lui-même, la présence de Roman Polanski (le réalisateur du film), ainsi que d’Olivier Assayas (qui a écrit le scénario et qui n’apparaît pas correctement sur aucune de mes photos XD), était évidemment ce qui a fait de la conférence un événement très suivi. Les deux derniers sont donc revenus sur ce qui les avait conduits à travailler sur cette adaptation, et à nous expliquer comment ils l’avaient fait. Il faut dire que le potentiel cinématographique du roman original est vraiment très fort, et il est bien dur de ne pas avoir envie de regarder ce futur Misery au féminin ! Pour rappel, Emmanuelle Seigner et Eva Green joueront les rôles principaux, pour un duo qui s’annonce délicieusement ambigu.

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En somme, j’ai vraiment apprécié la programmation des conférences proposée cette année, qui mettait à l’honneur littérature générale comme jeunesse, et mélangeait auteurs connus comme moins connus. Elles étaient d’ailleurs bien menées dans l’ensemble, et les invités étaient ouverts et passionnants.

Outre ces conférences, j’ai quand même eu le temps de pas mal flâner dans les allées, mine de rien. J’ai eu la chance de pouvoir éviter les cohues consacrées aux politiques, mais j’ai été complètement prise par surprise par les énormes embouteillages aux stands de romance ! Il était impossible de circuler, les stands des maisons d’édition concernées étant pris d’assaut par des lectrices voulant rencontrer leurs auteurs. Mais les embouteillages étaient plutôt dues à l’étroitesse des couloirs, qui ne permettaient pas vraiment de gérer les files d’attente. D’ailleurs, sauf erreur, les éditions Nisha ont même dû se délocaliser un peu plus loin pour pouvoir mettre en place un petit coin dédicace complètement improvisé. XD En espérant que les organisateurs en prendront compte l’année prochaine…

Je venais donc voir des auteurs que j’avais déjà lu, bien évidemment… mais je venais aussi faire des découvertes, et je suis tombée sur des petites maisons d’édition que je ne connaissais pas du tout et qui m’ont fait craquer !

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J’ai notamment eu un gros coup de cœur pour les éditions Issekinicho ! :D Menées par deux éditeurs, elles vous proposent des ouvrages de très belle qualité sur le Japon, allant du beau livre sur la saison de floraison des cerisiers au cahier de coloriages. Personnellement, j’aurais bien tout acheté, mais j’ai réussi à me restreindre à un très bel album, Onibi – Carnets du Japon invisible par l’Atelier Sento, ainsi que Kokekokkō !, qui raconte l’expérience de 16 auteurs-illustrateurs au Japon. :D Les auteurs étaient présents sur le stand pour de très chouettes dédicaces, et tout ceci, dans une très bonne ambiance. Des éditions à surveiller de très près ! ^^

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 C’était aussi l’occasion de découvrir la littérature d’autres pays, et bien sûr, le stand du Maroc, pays invité cette année, était incontournable ! Il l’était d’autant plus que le stand était magnifique. L’extérieur était constitué de très nombreux blocs, qui contenait des feuillets de pages qu’on pouvait arracher pour constituer nous-mêmes notre propre recueil de textes, écrits en arabe comme en français. Une des auteures majeures était bien sûr Leïla Slimani, couronné par le prix Goncourt pour son roman Chanson Douce (dont je vous avais parlé). Mais c’était également l’occasion de s’arrêter de temps à autre pour écouter d’autres auteurs moins connus, et s’il y avait trop de monde à l’intérieur, passer sa tête à travers un des blocs pour tendre l’oreille. ^^

~Petit bilan de cette journée :

En fait, force est de constater que j’ai été plutôt satisfaite de cette première journée. ^-^
Les organisateurs de Livre Paris ont fait un bel effort sur la programmation, proposant des conférences intéressantes et bien menées. Rien de particulièrement innovateur non plus, mais qui a su parler à un large public.
Comme tout samedi, cette journée était quand même assez éprouvante, bien évidemment (j »avais oublié à quel point XD). Et encore, cela tenait moins au nombre de personnes qu’à un agencement des allées qui gagnerait à être amélioré, surtout en prenant compte le succès des maisons d’édition de romance, et non en se focalisant uniquement sur les grandes maisons d’édition. D’ailleurs, une fois de plus, on pourra regretter que ces dernières soient toujours autant mises en avant, aux dépens des éditeurs régionaux et / ou plus petits par exemple, relégués au fond du salon. Évidemment, je sais que les éditeurs paient au prix fort la place de leur stand, et c’est bien dommage.

Sinon, ça a été pour moi l’occasion de revoir des personnes du milieu que je n’avais pas croisé depuis longtemps, et de discuter dans les files d’attente avec des gens parfois étonnés du succès que leur auteur préféré pouvait avoir. ^^ Le public était très large, rassemblant familles comme individus curieux, booktubers comme hommes politiques et autres célébrités.

L’ambiance n’est donc peut-être pas aussi chaleureuse que dans d’autres salons du livre, mais cette édition 2017 de Livre Paris retrouvait quand même des couleurs par rapport aux précédentes années. ^-^

On se retrouve plus tard pour le bilan de dimanche ! :D

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